Contes et Détour : Le Petit Chaperon Rouge

Morceaux choisis

"- Toutes ces jolies fleurs dans le sous-bois, comment se fait-il que tu ne les regardes même pas, Petit Chaperon rouge ? Et les oiseaux, on dirait que tu ne les entends pas chanter ! Tu marches droit devant toi comme si tu allais à l’école, alors que la forêt est si jolie !
Le Petit Chaperon rouge donna un coup d’oeil alentour et vit danser les rayons du soleil à travers les arbres, et puis partout, partout des fleurs qui brillaient. “ Si j’en faisais un bouquet pour grand- mère, se dit-elle, cela lui ferait plaisir aussi. Il est tôt et j’ai bien le temps d’en cueillir. ”
Sans attendre, elle quitta le chemin pour entrer dans le sous-bois et cueillir des fleurs ; une ici,
l’autre là, mais la plus belle était toujours un peu plus loin, et encore plus loin dans l’intérieur de la forêt."
(Les frères Grimm, 1812)

"Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge." (Perrault, 1697)

"Il était une fois une adorable petite fille que tout le monde aimait rien qu’à la voir, et plus que tous, sa grand-mère, qui ne savait que faire ni que donner comme cadeaux à l’enfant. Une fois, elle lui donna un petit chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait si bien, qu’elle ne voulut plus porter autre chose et qu’on ne l’appela plus que le Petit Chaperon rouge. " (Les frères Grimm, 1812)

"Mais pour ce qui est du Petit Chaperon elle se jura : Jamais plus de ta vie tu ne quitteras le chemin pour courir dans les bois, quand ta mère te l’a défendu. " (Les frères Grimm, 1812)

(Gustave Doré)



Vous trouverez ici une présentation intéressante et précise des différentes versions et interprétations de ce conte célèbre.

(Gustave Doré)

Le Petit Chaperon Rouge nous prévient des dangers du détour... mais la petite fille ne doit-elle pas accepter de quitter le chemin tracé par sa mère et sa grand-mère pour devenir adulte?





C'est l'interprétation psychanalytique que propose Bruno Bettelheim ( Psychanalyse des contes de fées , 1976) de ce conte, qui pour lui symbolise les tensions auxquelles est confrontée la petite fille lors de la puberté : découverte de la sexualité, faite d'attirance et de répulsion ; conflit oedipien : comment "tuer la mère", c'est à dire s'affranchir du modèle maternel pour devenir à son tour une femme? ambiguïté de la figure masculine, celle du séducteur, que l'on désire mais qui effraie, celle du père, qui rassure mais qu'on ne doit pas désirer...
Vous pourrez trouver ici une présentation des analyses de Bettelheim sur ce conte.

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