Little Miss Sunshine



Fiche
2006/ USA - 1h 41
REALISATEUR Valerie Faris
ACTEURS PRINCIPAUX Toni Collette, Greg Kinnear, Steve Carell, Paul Dano, Alan Arkin
Oscar du meilleur second rôle masculin, Oscar du meilleur scénario original, César du meilleur film étranger, Grand Prix du Jury au Festival de Dauville




Bande Annonce : Little Miss Sunshine
envoyé par cineFA.


L'Histoire : Cliquez ici pour un résumé



 Le Détour dans Little Miss Sunshine
En tant que "Road-Movie", Little Miss Sunshine est essentiellement un film sur le détour ; mais comment celui-ci est-il appréhendé?

- La peur du détour

La première partie du film semble a priori condamner le détour, à travers des personnages qui cherchent à "aller droit au but" : c'est le cas bien sûr du père, Richard Hoover, avec son "Parcours vers le succès en 9 étapes" qui interdit tout détour, mais aussi de son fils, Dwayne, tendu vers le but à atteindre et qui se soumet à une discipline de fer, ou d'Olive,  engagée dans un cursus de concours où le détour n'a pas sa place, comme le signifie par exemple le refus d'accepter les retardataires lors de l'épreuve finale ; ce refus du détour peut être symbolisé par les chorégraphies qui occupent une place centrale dans la sélection : par définition, la chorégraphie interdit tout détour, tout pas hors du schéma pré-établi, toute improvisation .
Ainsi, le détour paraît lié à l'échec, aux "losers", dans une société où la compétition, les "winners" constituent une valeur suprême.
Citation : 
"Il existe deux sortes d'individus: les gagnants et les perdants. A l'intérieur de chacun de vous sans exception, au fond de vous, au coeur, au plus profond de votre être, il y a un vainqueur, un vainqueur qui n'attend que d'être réveillé et laché à l'assaut de l'immensité du monde. Avec mon nouveau programme "Refuser l'échec" en 9 étapes, vous avez désormais les outils nécessaires, la connaissance et le savoir-faire pour mettre vos vieilles habitudes de perdants derrière vous et aller de l'avant pour réaliser vos rêves les plus fous. Finies les hésitations. Finies les jérémiades. Finies les excuses. Soyez les acteurs de ce monde, je veux que vous soyez des gagnants ! Merci."

A l'inverse, le personnage du grand-père est d'emblée lié au détour, qui constitue pour lui un véritable art de vivre (voir son apologie du "détour" sexuel en opposition avec le droit chemin matrimonial).



Cependant, le détour s'immisce dès les premières minutes dans l'intrigue : c'est bien un détour qui constitue l'élément déclencheur positif, celui qui a arrêté le parcours de la candidate que remplacera Olive. Mais cet élément déclencheur devrait également fonctionner comme un signal d'alerte : sera-t-il possible d'éviter les détours et les embûches sur ces voies qu'ils se sont tracées?

- Le triomphe du Détour





En effet, bien des détours attendent les personnages, symbolisés par le trajet erratique de la camionnette : arrêts, poussées, volte-face pour rechercher une Olive malencontrueusement oubliée... le trajet échappe à tout contrôle et cette échappée en roue libre culmine dans la recherche burlesque de la sortie d'autoroute qui conduirait sans détour au but, c'est à dire ici à la porte de l'hôtel.


Peu à peu, ces détours constituent l'essentiel et deviennent des moments précieux ; ils rendent unité et solidarité à la famille éclatée, ils permettent à chacun de se trouver, se retrouver.


A la fin, le détour devient volontaire, affirmation de soi et de  liberté contre les schémas imposés par la société ; la chorégraphie et le concours sont détournés tandis que les personnages s'approprient l'espace dont on voulait les exclure... Le détour ouvre l'espace de la contestation, de la liberté, de l'identité mais aussi du plaisir et d'un certain bonheur... 



Génération(s) dans Little Miss Sunshine

La question des générations occupe également une place centrale dans Little Miss Sunshine. Trois générations sont ici rassemblées, au sens propre, à l'intérieur d'un espace clos. Les questions de l'adolescence, de la vieillesse et de la mort, de l'enfance, de la maturité sont abordées, mais aussi la question des relations entre les générations, et le problème de la transmission.


- Des relations conflictuelles.

Dans la première partie du film, c'est le conflit qui caractérise les relations inter-générationnelles : conflit entre Richard et son père, et entre Richard et ses enfants, conflit entre Dwayne et l'ensemble des adultes à qui il oppose son silence : "I hate everyone". L'oncle Franck constitue un cas à part, puisque, nous le verrons, son statut d'adulte semble problématique.  La mère est elle du côté de l'harmonie, elle est le lien fragile qui cherche à réunir les différents protagonistes.
Peu à peu, les conflits vont se résoudre, en suivant une voie "naturelle", celle des âges de la vie  : le grand-père meurt, ce qui permet à Richard de découvrir l'amour qu'il lui portait ; Dwayne grandit et dépasse les caprices de l'adolescence.

- Le "brouillage" des générations.
Ce mouvement "naturel" s'oppose au brouillage des générations qui constitue une problématique importante du film. La confusion des générations est un symptôme du dérèglement de la société : plusieurs personnages sont incapables d'assumer leur statut d'adulte, et s'enferment dans le "jeunisme" ; c'est le cas du grand-père, bien sûr, mais aussi de l'oncle qui ressemble à un éternel adolescent, et même du père incapable de remplir véritablement sa fonction de père. 

Les enfants, quant à eux,  sont privés d'enfance, contraints d'endosser trop tôt un rôle d'adulte : dans les concours, les petites filles sont transformées en femmes fatales et sexualisées d'une manière qui suscite le malaise ; seule Olive conserve sa posture et son corps d'enfant. 


Au sein de la famille, l'irresponsabilité des adultes oblige Olive et son frère à assumer des responsabilités qui ne devraient pas être les leurs : c'est Olive qui sort son frère de la crise alors que ses parents demeurent impuissants ; c'est à Dwayne qu'on confie la tâche de veiller sur son oncle,  alors qu'enfermer un adolescent en crise et un dépressif suicidaire semble pour le moins irresponsable...

La hiérarchie des générations se rééquilibre à la fin : Olive manifeste son appartenance à l'enfance dans une danse libératrice, les adultes semblent avoir "grandi". De manière très significative, Richard prend les choses en main après la mort de son père, comme si il avait enfin réussi à "tuer le père".



- La question de la transmission.
Ce dérèglement des génération(s) (caractéristique de notre société : voir le phénomène de "l'adulescence" et les concours de Mini Miss, qui existent réellement) rend la transmission problématique. Le fil qui conduirait de Richard à ses enfants est rompu, c'est le grand-père qui se charge de la transmission (c'est lui qui prépare Olive au concours, lui qui prend en charge l'éducation sexuelle et sentimentale de Dwayne). Mais un grand-père héroïnomane exclu de sa maison de retraite peut-il constituer un modèle? 
Peu à peu, au fur et à mesure des détours du voyage, le lien de transmission se reconstruit, en particulier entre Franck et son neveu dans la scène au bord de la plage.   









Lire une critique du film  ici



2 commentaires:

  1. Super ce blog!! Dommage que je ne le découvre que ce matin jour de l'épreuve. Mais après tout qui sait, ce que je viens de lire pourra peut être m'aider. Merci

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  2. pareil ! qui sait Louise sa nous servira peut être !!

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